top of page
5a35a726e0b0a0_edited_edited.png

TEXTES
(Nom de plume) Peau d'ourse
du français ancien et mystérieux celle qui a vu la bête

elle était une fois

une femme à la peau d’ourse

elle ne demandait rien à personne

mais jadis

les hommes voulaient sa peau

douce, dit-on

que l’on caresserait des heures

une peau invitant 

à goûter le dessert

 

un jour

surprise à peigner dans sa tête

le visage d’un amour aux yeux de glace

des hommes l’attachèrent à l’arbre

le plus vieux de la forêt

et peu à peu, saccageant le portrait,

ils s’avancèrent vers elle

avec cet air incrédule

qui sait

(...)

secouée par cette intrusion

peau douce pleure et pleure

et invoque les arbres

les hommes rient friands de ce dos

les vêtements arrachés il n’y a plus que cette peau sans tâche

qu’ils s’empressent de toucher

peau douce se fait statue

bouche

bée

 

mais bien vite le sol gronde et tabasse

les hommes de toute manière se lassent

et s’en vont

 

alors

 

les poils poussent le long de ses bras

les griffes poussent le long de ses doigts

elle ne sanglote plus elle rugit

et sa force brute rompt les cordes

elle s’enfuit

sur ses quatre pattes

elle s’enfuit

chercher sa vengeance

elle rugit

toujours de plus belle

et croque quiconque

voudrait la toucher

elle est devenue Peau d’ourse

la splendide, sa majestée

que l’on craint dans les forêts et les villes

qui rétablit les équilibres

danse sur les cendres de ses ennemis

 

seule demeure sur son dos caché

la tâche brune de leur passage

mais la tâche prend si peu de place

au milieu de son pelage

lorsque Peau d’ourse revient à la douceur

au miel d'acacias, de bruyère

elle chérit cette marque douloureuse

qui longtemps l’empêcha de trouver le repos

 

tu sais 

une ourse sait battre la terre

les paysages

les passages

elle avance héroïquement

aussi longtemps que ses pattes lui permettent

et arpente souvent

la montagne sauvage et ses crêtes

quel est mon nom ?

comment m’appelles-tu ?

celle qui marche dans la brume ?

celle qui rugit quand ses plaies brûlent ?

celle qui tremble devant la tendresse ?

la reine de cœur

et ses quatre feuilles de trèfle ?

l’inconnue des vastes crêtes

l’amante des draps secrets ?

l’énigme indéchiffrable 

la pierre de rosette

la formule interdite

la voyageuse en quête ?

je ne me souviens plus

quelle est mon histoire ?

rappelle-toi pour moi !

je ne sais plus rien

je ne sais plus

ce qui est vrai 

ce qui n’a pas existé 

ce que j’invente

ce qui est trop caché

alors en aventurière insatiable

je m’arme

de plumes

de mots

d’amour

de larmes

de silence

d’extase

de cris

de cartes

et je parcours

chaque caillou

chaque lande

et je convoque

chaque mémoire 

chaque langue

pour déterrer 

ce qui n’est pas visible

pour célébrer

ce qui reste à découvrir

de cette minuscule tranche de vie

un trésor 

sûrement 

de précieuses broutilles

pourquoi un nuage c'est poétique ?

 

 

parce que c'est léger ?

un morceau de carton c'est pas poétique pourtant

et c'est léger

 

parce que c'est mouillé ?

un morceau de carton mouillé c'est pas poétique pourtant

et c'est mouillé

 

parce que c'est blanc ?

le pq c'est blanc

 

parce que c'est muable ?

mon amour il est muable

c'est pas poétique l'amour

 

c'est juste chiant

 

 

comme le pq

comme le carton mouillé

 

 

 

comme un nuage

tu m'as dit  que je pourrais être sainte 

marie c'est l'anagramme d'aimer 

et j'ai porté toutes tes peines dans ma besace de baisers

mais les saintes ne détestent personne 

et je te hais je hais les hommes 

mais les saintes ne sont que des silences 

et moi j'aime crier dans le vent 

j'aime que l'on m'entende 

j'aime valser dans les éléments 

puis rire ça j'aime aussi

rire grassement comme un marin dans une taverne 

comme une sirène qui se joue des radeaux de bois 

et prenez- le mon corps tant qu'on y est 

ça les saintes n'y penseraient pas 

prenez-moi la main les bras le cou la taille les seins 

prenez-moi tout puisque la chaire de femme se troque 

que dis-je elle se réquisitionne on en hérite de plein droit 

tu m'as dit que je pourrais être sainte 

tu n'avais peut-être pas tord 

car je n'ai toujours pas brûlé de villages 

massacré de misérables insulté les dieux 

pillé le corps des autres 

je n'ai toujours pas pris feu 

tout ça relève du miracle 

car en moi gronde le tonnerre 

les typhons les blizzards cognent 

je suis une bille de verre

que chaque injustice morcelle 

ce verre sonore n'en peut plus résonne 

 

mes soeurs prenons le tison 

et chantons en marchant 

nous sommes en guerre mes saintes 

qu'une pluie de billes s'abatte 

sur les certitudes les autels les bûchers

sur les draps souillés les tempes abîmées 

 

entendez-vous ce bruit sourd quand la mer part au loin 

c'est le son de nos rumeurs nos fureurs magnifiques 

croyez-moi

l'eau salée finit toujours par revenir 

ronger ce qui ne mérite plus de briller 

ronger ce qui ne mérite plus de briller 

 

merci de m'avoir dit 

que je pourrais être sainte 

et marchons sans peur 

et hurlons

à ceux qui ne feront plus long feu 

de nous

Génine cobalt.jpg
Génine cobalt.jpg
Lière soporiphique.jpg
Graines de Rocaille.jpg
bottom of page